La SAIC est aujourd’hui considérée comme la " vitrine des services spéciaux américains " dont elle sous-traite l’ensemble des besoins industriels. En 1995, la SAIC a absorbé Network Solutions Inc., la principale société qui gère les noms de domaines sur l’Internet. En 1997, la SAIC a racheté l’opérateur de télécommunications Telcordia. En 2000, lors d’une offre publique d’échange, la SAIC a diminué sa participation dans Network Solutions pour acquérir des parts de VeriSign.
Dans la seule période 1992-1995, la SAIC a engagé 198 anciens colonels et généraux de l’armée des Etats-Unis. La SAIC a compté parmi ses administrateurs les anciens secrétaires à la Défense William Perry et Melvin Laird, et les anciens directeurs de la CIA John Deutch et Robert Gates. Elle compte actuellement comme administrateurs le général Wayne A. Downing (ancien commandant en chef des forces spéciales), le général Jasper Welch (ancien coordinateur du National Security Council), et l’amiral Bobby Ray Inman, (ancien directeur de la NSA et ancien directeur adjoint de la CIA).
Le président de la SAIC, J.R. Beyster, siège ès qualité au National Security Telecommunication Advisory Committee, la clef de voûte du système de renseignement américain. Cet organisme transversal de trente membres réunit les directeurs des différents services secrets US et les patrons des sociétés privées de haute technologie liées à la communauté du renseignement.
Le président-fondateur, J. R. Beyster, docteur en physique nucléaire, est devenu une personnalité américaine de premier plan. Il préside également la National Commission on Entrepreneurship et la Foundation for Entreprise Development qui promeuvent la libre entreprise et l’usage des stock-options. Il a participé à la rencontre du groupe de Bilderberg, en 1999.
Parmi les réalisations de la SAIC : la cartographie numérique des Etats-Unis et le système de veille informatique des données environnementales ; la sécurisation du système informatique du Département de la Défense ; l’installation informatique des centres de décision et de transmission de groupes pétroliers comme BP Amoco ; le système de commandement de la Maison-Blanche pour faire face au bug de l’an 2000 ; l’informatisation du système de mobilisation des réservistes de l’armée des Etats-Unis ; la conception et l’installation des systèmes de transmission entre les états-majors et les combattants (Defense Information Systems Network) ; la conception des centres de commandement C4I de guerre navale et spatiale ; la modernisation du système de cartographie depuis l’espace de la National Imagery and Mapping Agency ; la surveillance de l’exécution des traités de non-prolifération nucléaire ; la conception des matériels d’entraînement et de simulation pour les pilotes de F-15 et F-16 ; la conception de capteurs et de matériels d’observation par satellite pour la NASA ; la création de la plus importante banque de données criminelles pour le FBI (38 millions de suspects fichés) ; etc.
Le Département de la Justice a sous-traité à la SAIC le programme de formation et d’assistance technique aux polices étrangères (International Criminal Investigate Training Assitance Programm - ICITAP). En février 1999, sa directrice, Janice Stromsem, a été relevée de ses fonctions après s’être plainte que la CIA utilisait ce programme pour recruter des policiers étrangers.
En 1993, Alain Bauer a séjourné sept mois au siège de la SAIC à San Diego (Californie). A l’issue de ce stage, il est devenu vice-président pour l’Europe de la SAIC. En 1994, il a créé sa propre société de conseil et de formation en sécurité, AB Associates, qu’il a domicilié à proximité des locaux de la SAIC-Europe au CNIT-La Défense. Il a alors abandonné ses fonctions de vice-président de la SAIC-Europe pour celles de senior consultant. Au tour de table constitutif du capital d’AB Associates, on trouve la SOCADIF, la société d’investissements de l’ex-journaliste d’extrême droite Patrick Grumelart (qui tenta de racheter Minute en 1985).
Compte tenu de l’absence de l’ICITAP en France, et de la rivalité qui oppose l’ICITAP américain au SCTIP français, certains officiers s’interrogent sur une possible utilisation d’AB Associates comme cheval de Troie dans les milieux policiers français. Cette interrogation est renforcée par les liens qui unissent Alain Bauer à Emile Perez (figure emblématique du SCTIP, ancien secrétaire général du syndicat des commissaires et co-auteur avec Alain Bauer d’un ouvrage sur le crime en Amérique). Cette interrogation se poursuit avec la tentative de déstabilisation du directeur central des Renseignement généraux, Yves Bertrand, par Alain Bauer, et la candidature évoquée d’Emile Perez à la DCRG.
Ce questionnement est à rapprocher des critiques émises par diverses organisations (Syndicat de la Magistrature, Ligue des Droits de l’homme, CESDIP, etc...) à l’encontre des théories policières et pénales que les Etats-Unis tentent d’imposer comme normes internationales, et que tentent de populariser en France Alain Bauer et Xavier Raufer. Or, Xavier Raufer (de son vrai nom Christian de Bongain), éditeur et collaborateur d’Alain Bauer, est lui-même connu pour sa proximité avec les services américains. Il a en effet été recruté par Georges Albertini dans les années soixante-dix et a assuré la liaison entre les autorités taïwanaises et le patronat français. Par la suite, dans les années quatre-vingt, il fut membre du National Strategy Information Centre de Washington, une structure privée créée par l’ex-directeur de la CIA William Casey et alors présidée par Roy Godson.
AB Associates propose notamment des audits en sécurité pour les collectivités locales. Ils sont facturés 100 000 à 900 000 F. On peut s’interroger sur les motivations exactes des collectivités qui souscrivent un tel service alors que l’Institut des Hautes Etudes de la Sécurité Intérieure (IHESI) réalise des audits de qualité à 35 000 F. On remarque, qu’à la différence de l’IHESI qui préconise des réorganisations pour créer des synergies entre services, AB Associates recommande parfois aux communes clientes de résoudre leurs problèmes en acquérant des matériels de sécurité, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives commerciales. Il a par exemple conseillé la mairie de Vitrolles en matière d’acquisition de système de vidéo-surveillance et d’armes de guerre (pistolets Glock 17), nous confirme l’ancien maire Jean-Jacques Anglade.
Alain Bauer a choisi Nathalie Soulié comme secrétaire d’AB Associates, de 1994 à 1997. Mme Soulié est l’épouse de Manuel Valls, actuel porte-parole du Premier ministre. Alain Bauer et Manuel Valls ont été tous deux cités dans l’affaire de la MNEF, dont ils furent administrateurs sous le premier septennat de François Mitterrand. Leurs noms, ainsi que celui du journaliste Guy Benhamou, ont également été cités dans l’affaire corse, alors que les trois hommes fréquentent la même loge du GOdF, L’Infini maçonnique.
Hadi Bozorgmanesh, qui a développé le procédé TNA de détection d’explosifs pour la SAIC et qui préside la SAIC-Europe Limited a ouvert en juin 1992 un bureau au CNIT-La Défense. Ce bureau a curieusement été déclaré sous la forme d’une société en nom unipersonnel, néanmoins dotée d’un capital d’un million de francs, ayant pour objet " le conseil pour les affaires et la gestion ". En mai 1995, la SAIC a conclu un accord avec France-Télécom pour prendre le contrôle d’une petite SSII française, Tecsi. SAIC-Tecsi assure aujourd’hui la sécurité des systèmes et des transactions des principales banques françaises.
Le 11 septembre 2000, les bureaux de la SAIC-Europe ont été transférés à Londres, C’était le premier jour ouvrable après qu’Alain Bauer a été élu à la présidence du Grand Orient de France. Interrogé par notre consœur du Point, Sophie Coignard, Alain Bauer a indiqué avoir été approché et recruté par la SAIC. A Judith Perrignon de Libération, il a assuré qu’il n’avait pas le droit de parler du sujet sur lequel il avait travaillé à la SAIC. A Ghislaine Ottenheimer de France-Soir, il a déclaré avoir cessé toute collaboration avec la SAIC depuis 1994 et ignorer que la société américaine ait eu un bureau au CNIT-La Défense, à proximité de celui d’AB Associates. Enfin, Alain Bauer a refusé nos demandes réitérées d’interviews et a souhaité avoir connaissance avant publication de nos articles le concernant, ce à quoi nous n’avons pas donné de suite.Source. réseau Voltaire http://www.voltairenet.org/article413.html#article413
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